Joseph Looten
Naissance 21 novembre 1808 Dunkerque
Décès 14 novembre 1882 Dunkerque
Eclusier
Plus de 100 personnes sauvées.
Huile sur toile de Joseph Nicolas Robert-Fleury
© Direction des musées de Dunkerque, photo Jacques Quecq D’Hentri prêt
Joseph Désiré est le digne fils de son père Joseph Pierre qui sauva 45 personnes.
Cet éclusier est une figure emblématique du sauvetage dunkerquois à un tel point que dès qu’une personne tombait à l’eau on criait « LOOTEN !!».
Récompensé pour un acte de sauvetage en 1829 par une somme de 50F il en fait don à un ouvrier de Dunkerque nommé David alors dans le besoin.
Son fils qui finira conservateur de dépôt des phares sera également fait chevalier de la Légion d’honneur.
Données généalogiques
Fils de Joseph Pierre LOOTEN Eclusier et Jeanne Pétronille SAVARY
Mariage le 21 avril 1830 avec Rosalie Hélène TITREN (01/04/1811 - )
Léon Jules Amédée LOOTEN (1840 - après 1940) Chevalier de la Légion d’honneur du 20 mai 1901
Recensé en 1826 au 60 rue des quatre écluses Dunkerque
Décorations
Légion d’Honneur 6 mai 1850 Dossier LH/1657/42
Prix Monthyon - 5 000 F 1830 Décerné par l’Académie Française
Médaille d’or 1° classe
Récompense de 50F 1829 Etat français Services rendus
Membre de la Société Humaine de Dunkerque en 1860.
Vie professionnelle
Ébéniste et Éclusier Aux 4 écluses
Actions de sauvetage
1822 Sauvetage d’un enfant de son âge
NC Sauvetage d’une femme tombée dans un puits
Témoignages
Remise de la légion d’honneur au titre de Chevalier
Looten Joseph-Désiré, éclusier aux Quatre-Ecluses a, je ne sais combien de fois, risqué sa vie pour sauver celle de nombre de malheureux tombés à l'eau et qui eussent sans lui infailliblement péri.
Je suis heureux d'avoir à ajouter que sa conduite noble, courageuse et tout à fait désintéressée, qui déjà lui avait mérité en 1847 le prix Monthion, vient de lui valoir une distinction à laquelle la ville tout entière a applaudi : la décoration de la Légion d'Honneur que, pour plus de publicité, le préfet de notre département lui a remise lui-même lors d'une revue de la garde nationale, dont Looten fait partie, et que passait le préfet en présence de notre sous-préfet, du maire, des diverses autorités et de la ville presque entière.
Cet homme, qui n'a aujourd'hui que 41 ans, compte plus de belles actions que d'années, et est, sans contredit, un de ceux qui ont rendu les plus grands services à l'humanité. Il semble qu'il y ait de ces familles privilégiées où se transmettent de père en fils le courage et la vertu.
Enfant, il a vu son père, éclusier comme lui, arracher de nombreuses victimes à la mort, et il s'est accoutumé à considérer de telles actions comme tout ordinaires. Un neveu qu'il a à Paris a été cité il y a peu de temps dans vos journaux pour une action pareille. A 14 ans, Looten s'essaya pour la première fois : un enfant de son âge, nommé Tresca, étant tombé d'un canot dans le canal de Furnes, où l'eau s'élevait au moins à la hauteur de deux mètres, Looten se précipita et fut assez heureux de le ramener sain et sauf sur la rive.
La biographie de cet homme serait d'autant plus curieuse et instructive, que jamais le désir de renommée ou l'espoir d'une récompense n'a influencé ses actions. Ce sont presque toujours des enfants ou des hommes d'une condition inférieure pour lesquels il affronte tant de dangers. On l'a vu aussi se faire descendre dans un puits pour en retirer une pauvre femme, avec laquelle il faillit périr, la corde qui tenait le seau étant venue à casser.
Enfin, Looten, dont le père avait retiré de l'eau 45 personnes, compte lui-même, de notoriété publique, 55 sauvetages, dont trois seulement n'ont pas eu le résultat qu'espérait son zèle. Son désintéressement n'est pas moins admirable. Une seule fois, en 1829, l'administration supérieure lui fit délivrer un mandat de 50F, qu'il accepta, mais pourquoi ? Pour les faire servir à un pauvre ouvrier de Dunkerque, nommé David, alors malade à Paris ! !!
Looten a été mu pendant toute sa vie par cette seule pensée, que sauver son semblable est chose ordinaire, et que ne point le tenter est manquer au premier devoir imposé par la Providence.
Voilà bien un de ces hommes qui suffisent à illustrer un pays ; aussi la ville entière triomphait-elle de la noble distinction que le préfet est venu lui remettre. Sur quelle poitrine brillerait plus mérité ce signe de l'honneur ?
Discours prononcé lors de la remise du grand prix Monthyon
« L’Académie m'a chargé de rendre compte des actions de courage et de charité qui ont mérité cette année les prix fondés par M. de Montyon. L'Académie a décerné deux prix : le premier de 5 000 F, le second de 3 000 F ; trois médailles de première classe, douze médailles de seconde classe.
Joseph-Désiré Looten, simple éclusier à Dunkerque, est le premier de ces consolateurs publics..
Son père, comme lui éclusier, a sauvé quarante-cinq personnes.
Le fils n'a pas encore quarante ans, et il en a déjà sauvé cinquante-deux. Il est vrai qu'il a commencé de bonne heure, à quatorze ans. Dans le nombre de ceux qu'il a sauvés, il en est dont il a oublié le nom : c'était parfois la faute de ceux-là mêmes qu'il arrachait à la mort, et qui, dans le trouble de la délivrance, oubliaient de dire leur nom à leur libérateur.
Il aurait mieux aimé le savoir car c'est, après tout, la seule récompense qu'il veuille recevoir.
M Looten est pauvre mais il aime surtout à enrichir d'un nom nouveau les archives de sauvetage qu'il tient de son père. Il a plus besoin de contentement que d'aisance.
Une seule fois, en 1829, l'administration lui fit délivrer un mandat de 50 F, qu'il accepta pour en faire aussitôt don à un pauvre ouvrier de Dunkerque, nommé David, alors malade à Paris. Avec ces 50 F, David revint à Dunkerque retrouver sa femme et ses enfants.
A Dunkerque, M. Looten est une sorte de Providence populaire. Quelqu'un tombe-t-il à l'eau, tout le monde aussitôt appelle Looten. C'est le nom qui est dans toutes les bouches au moment du péril. Non-seulement on le sait intrépide, mais de plus on le croit heureux : il a si souvent réussi ! Il fait cela depuis si longtemps ! Et son père le faisait avant lui. Touchant effet du dévouement qui, n'hésitant jamais et ne perdant jamais un moment, il passe pour heureux aux yeux de la foule, qui ne comprend pas que M. Looten n'a la main si bonne que parce qu'il a le cœur toujours prompt. Ce que nous admirons le plus dans M. Looten, c'est sa persévérance héréditaire dans le dévouement. Si un acte de générosité a droit à nos hommages, même quand il est isolé, qu'est-ce quand la générosité et la bonté se tournent en habitude? Les bonnes qualités de l'âme humaine ne méritent le nom de vertus que lorsqu'elles s'éprouvent par la durée. »
Les Looten une famille de sauveteurs
Son père Joseph Pierre a sauvé 45 personnes.
En 1850 son neveu André apprenti menuisier, âgé de 16 ans sauve deux enfants de 8 et 10 ans et comme son oncle refuse la prime de 50F estimant que son action était naturelle !!!!
En 1858 Pierre Ernest âgé de 14 ans sauve une jeune fille de 13 ans. Le lien familial avec Joseph et André n’est pas pour le moment avéré.
Sources : Musées de Dunkerque - Base Léonore Dossier de la légion d’honneur - BNF Gallica Journal débat politique et littéraires 19 août 1848 - Recensement de 1826 José Fichaux
Dictionnaire biographique dunkerquois SDHA