Organisation des Douanes au 19e siècle
Les douaniers sont, à cette époque, présents sur tout le littoral et vous tous , sans doute, arpenté en bord de mer des chemins nommés "Chemin des douaniers".
Présents dans les ports ils sont souvent les premiers à intervenir quand une personne tombe à l'eau. Équipés de lignes Torres ou Brunel ils sortent , souvent avec l'aide de personnes présentes sur les lieux les passants, marins, enfants ou femmes de leur inconfortable position.
Au 19e siècle 360 douaniers sont recensés dans nos annales comme ayant participé à des opérations de sauvetage individuel. Parmi eux citons :
- Le préposé Taccoen 10 sauvetages *
- Le préposé Provost 7 sauvetages *
- Le préposé Hardy 6 sauvetages *
La frontière de Dunkerque à Nice est gardée jour et nuit, de même, sur la frontière maritime,
de Dunkerque à Hendaye. Nous trouvons tout le long de la côte une ligne ininterrompue de douaniers.
Ce sont les « matelots » des douanes et leurs chefs directs, les « patrons » et « sous-patrons ». Dans le langage douanier, c'est ce que l'on appelle « la patache ». Les lieutenants et capitaines surveillent le service de ces embarcations chacun dans sa circonscription. Disons tout de suite que les fonctions de patron et de sous patron sont, à la différence du service près, les mêmes que celles des grades correspondants de brigadier et de sous-brigadier sur les frontières de terre. Le lecteur n'a sans doute pas oublié que le brigadier constituait en quelque sorte « l'âme du service ».
Les matelots ne portent pas l'uniforme ordinaire de douanier. Ils ont le caban en drap bleu marine avec revers croisant sur la poitrine et dont le collet est rabattu ; le pantalon en drap bleu marine (sans la bande rouge) et le béret en laine bleu foncé du modèle adopté par la marine de l'Etat.
Au lieu du nom du navire que portent les matelots de la marine de guerre, les matelots des douanes ont le mot « Douanes » en lettres jaunes sur un ruban de soie noire. Les patrons et sous-patrons ont une casquette identique à celle des premiers et seconds maîtres de la marine. Leurs galons sont en diagonale. On se propose de donner aux matelots une veste identique à celle des préposés à la place du caban de marin, et la casquette remplacerait le béret, qui ne sied qu'aux jeunes marins de la flotte. La surveillance s'exerce en mer, sur les côtes ou à terre.
La douane dans les ports
Surveillance dans les ports :
Les navires qui y entrent sont soumis à une surveillance plus étroite.
Une embarcation de la brigade maritime des douanes stationne à la passe des grands ports.
Aussitôt arrivé à quai, le navire subit la visite.
Dans les ports, le service se répartit de deux façons distinctes :
1. La garde des quais est confiée à des factionnaires qui sont placés de distance en distance et dont le seul but est de s'opposer à l'embarquement ou au débarquement des marchandises sans autorisation.
2. La garde des tentes ou magasins est assurée par des préposés chargés de surveiller les marchandises débarquées. Enfin, une brigade spéciale d' « ambulants » exerce dans le port une surveillance spéciale analogue, quant au but, à celle de leurs camarades des frontières de terre.
Ici, le service est moins monotone que sur les côtes, mais, en revanche, il est très dur dans les grands ports. Au Havre, par exemple, les préposés de faction font vingt-quatre heures de service ; ils sont divisés en deux séries alternant par quart de trois heures en moyenne. Ils entrent à la caserne à 5 heures du matin, assistent à l'appel de 9 heures et s'en vont, soit d'escorte, soit à nouveau de faction jusqu'à 5 heures du soir, puis couchent enfin dans leur lit et peuvent jouir d'une bonne nuit. En effet, dans leur service de faction, ils n'ont pour se reposer que la planche du corps de garde et la pèlerine comme oreiller. A qui n'est-il pas arrivé, se promenant sur la jetée d'un de nos ports, de voir hisser le pavillon jaune par tout navire avant son entrée au port ? C'est le signal convenu pour demander la visite sanitaire. Ce qui nous amène à dire quelques mots de la police sanitaire, c'est-à-dire des mesures prises pour éviter, par mer, l'introduction en France des maladies contagieuses telles que le choléra, la peste, etc. Les douaniers formant une véritable barrière mobile qu'il n'est pas possible d'éviter, et le littoral ayant été divisé en circonscriptions sanitaires, c'est encore à eux que l'on a eu recours pour l'exécution de ce service.
Tout navire arrivant dans un port français doit être reconnu par l'autorité sanitaire, presque toujours un officier des douanes, avant d'entrer en communication avec la terre. Ce n'est qu'une formalité. L’agent sanitaire se renseigne sur l'état de santé à bord pendant la traversée. La loi punit sévèrement (amende et prison) tout capitaine qui essayerait de s'y soustraire. Au cas où l'agent sanitaire le juge à propos, l'examen peut être poussé plus à fond et la visite médicale de l'équipage et des passagers peut être ordonnée. Le service actif des douanes coopère aussi dans une certaine mesure à la partie matérielle des opérations de la visite.
Il existe un corps spécial de préposés et de sous-officiers visiteurs (les emballeurs, en argot douanier) dont le rôle est d'assister le vérificateur dans la vérification des marchandises. Ce sont eux qui sondent les colis, prennent le poids des marchandises et appliquent sur les caisses vérifiées la marque M V (marchandise vérifiée).
C'est au service des brigades qu'incombe aussi le service d'écor (reconnaissance et dénombrement des colis) sur les deux frontières, maritime et terrestre. On entend par là le dénombrement des colis, soit à leur débarquement, soit à leur embarquement, à leur entrée ou à leur sortie des entrepôts ou magasins. Ce service, qui, à première vue, pourrait paraître négligeable, est au contraire un des plus importants. Il garantit la prise en charge des marchandises et leur décharge à leur sortie. Bien qu'il ne soit pas nécessaire d'être bachelier pour l'exécuter, il est difficile de le bien remplir. Aussi les bons « écoreurs » sont-ils fort appréciés de leurs chefs. Le préposé n'a qu'à vérifier avec certains papiers la marque et le numéro des colis qu'on lui présente, mais il faut aller vite. Sur les quais, certaines marchandises venant en un grand nombre de caisses analogues, il ne lui faut pas en laisser enlever une de plus, ce qui serait facile en raison de l'encombrement.
Le service des grands ports nécessitant un nombre considérable de douaniers, il n'est pas surprenant de rencontrer dans ces centres maritimes une agglomération de préposés de douanes pouvant paraître anormale. Leur modeste traitement, d'une part (120 francs par mois) et la cherté de la vie et du loyer, d'autre part, faisaient qu'autrefois ceux-ci habitaient le plus souvent la banlieue de leur résidence et se trouvaient par suite éloignés de leur travail.
Le douanier sauveteur
C'est ici que nous trouvons la plus belle page de gloire du corps des douaniers maritimes.
Tous les douaniers en service de faction sur les quais portent un engin destiné à sauver les personnes tombées à la mer. Il s'agit de la ligne Brunel**, du nom de l'inventeur, ancien lieutenant de douanes. (voir fiche ligne Brunel)
Le douanier aperçoit-il une personne en danger de se noyer, il peut alors s'en servir de deux manières :
si la personne, n'étant pas à bout de forces, se tient bien à l'eau, mais est entraînée pour une cause ou une autre, il garde le grappin en main, déroule quelque peu la cordelette et lance au désespéré le bâton qui, faisant flotteur, n'a pas de peine à être saisi par lui. Il n'y a plus alors qu'à le tirer hors de l'eau.
Si, au contraire, la personne ne peut résister à la mer et se noie infailliblement, le douanier garde le bâton à la main et lance le grappin sur la personne.
Dans les deux cas, il soulève la personne au moyen de la ligne, et s'il n'y a pas d'escalier proche où il puisse la traîner sans cesser de la maintenir à la surface de l'eau et aller la recueillir, il attend le secours d'autres personnes, car la ligne est naturellement trop faible pour remonter une personne sur le quai.
Toute cette manœuvre se fait en quelques secondes, et le système est facilement lancé à 40 mètres de distance. Il est ainsi opéré annuellement une moyenne de 250 à 300 sauvetages. C'est dire que la ligne Brunel est d'un usage courant et qu'il ne se passe pas de jour où on ne lui doive quelque vie. Il y a quelques années, à La Rochelle, vers le mardi-gras, sept personnes furent sauvées en six jours de temps, dont trois le même jour, en quatre heures!
C'est encore aux douaniers qu'a eu recours la Société centrale de sauvetage destinée à porter secours sur les côtes en cas de naufrage aux personnes et aux bâtiments. Cette Société, fondée en 1866 sous le patronage du ministre de la Marine, a établi des postes (au nombre de 500 environ) pourvus de tous les engins de sauvetage connus à ce jour et dont la valeur est de plusieurs millions.
Disons immédiatement que le nombre de personnes sauvées par elle au 1er mars 1906 dépassait 15000, chiffre éloquent par lui même. La question matérielle étant résolue, il fallait trouver des bras solides pour l'utiliser. Les douaniers étaient tout désignés : eux seuls connaissent la côte dans ses moindres replis, et nous ajouterons, eux seuls ont un dévouement au-dessus de tout éloge.
L'énumération des engins de sauvetage mis à leur disposition serait trop longue. Cependant, il ne nous est pas possible de passer sous silence le fusil et le canon porte amarres, les ceintures de sauvetage et les bâtons plombés.
r successivement dans une espèce de culotte attachée à une bouée circulaire en liège qui fait la navette entre le navire et la côte.
Le personnel des brigades de douanes qui possèdent un poste de fusil ou de canon porte-amarres est mis et maintenu au courant de la manœuvre des engins de sauvetage au moyen d'exercices périodiques dirigés aussi souvent que possible par les officiers.
Le matériel de tir et de va-et-vient est complété par des ceintures de sauvetage et par des bâtons plombés munis d'une ligne qu'on lance comme un plomb de sonde ou une fronde (c'est-à-dire en le faisant tournoyer plusieurs fois verticalement) et qui servent à établir une communication à courte distance (20 ou 30 mètres).
Les canon et fusil porte-amarres servent peu souvent dans les sauvetages, la côte étant garnie d'un nombre suffisant de canots de sauvetage qui ont une efficacité plus grande. Mais, indépendamment des services qu'ils rendent avec les engins mis à leur disposition par la Société centrale de Sauvetage, les agents des douanes contribuent à de nombreux sauvetages maritimes, soit en donnant presque toujours les premiers, surtout la nuit, les avis de naufrage, soit en aidant à la mise à l'eau des canots de sauvetage de l'équipage desquels les matelots des pataches font très souvent partie. Tous, officiers, préposés ou matelots sont dignes d'admiration. Devant le danger, ils n'hésitent pas et, sans calculer, se jettent à l'eau.
Tous les ans, du reste, la Société centrale de Sauvetage n'oublie pas ses valeureux serviteurs. L'an dernier encore , le 13 mai, à la distribution solennelle des récompenses qui eut lieu à la Sorbonne, sous la présidence du vice-amiral Duperré, assisté de MM. Pallain, ex-directeur général, et Brunet, directeur général des douanes, nombre de douaniers obtinrent des prix comme les années précédentes.
Il ne se passe pas de semaine que les annales des douanes n'enregistrent de sauvetages de toutes sortes opérés par les douaniers. Leur nombre en est trop élevé pour les citer tous. D'une façon générale, là où il y a des douaniers, là se trouve le courage. Que ce soit sur terre ou sur mer, le douanier, ou son officier, n'hésite pas. Combien de chevaux emballés qui auraient causé les pires malheurs sans leur intervention? Combien d'incendies n'ont été de peu d'importance que grâce à eux? Il n'est pas jusqu'aux aéronautes qui ne leur doivent la vie.
Et comme récompense de tant d'abnégation et de dévouement, ces héros obscurs reçoivent un « témoignage de satisfaction », une « mention honorable » ou plus rarement une médaille.
Tenue et équipements des douaniers
On reconnaissait généralement le douanier à sa grosse veste gris-vert et à son pantalon bleu céleste bordé du galon rouge garance, il était donc repérable lorsqu’il faisait sa ronde à pied accompagné de collègues, par des itinéraires destinés à surprendre les contrebandiers et les fraudeurs. Chaque brigade avait une zone nommée « penthière » (en fait, une zone de terrain dont une brigade des douanes devait assurer la surveillance). Il n’était pas rare que des chiens accompagnent les douaniers. Les bêtes dressées portaient parfois des colliers armés de piques pour blesser les chiens de fraudeurs et pour empêcher qu’on les attrapât à la gorge.
Les douaniers partaient souvent pour plusieurs jours ; outre le fusil et la sonde destinée à rechercher les marchandises cachées dans des ballots de paille ou dans tout autre transport de fourrage ou légumes, ils portaient sur leur dos leur « lit d’embuscade » qui leur permettait de s’installer aux points stratégiques sur le passage des fraudeurs (comme les dunes, les voies ferrées, la plage ou les forêts).
Sources
BNF Gallica Le Mois Littéraire et Pittoresque n°101, Paris, mai 1907, article de E. Laval .
Musée national des douanes. http://www.musee-douanes.fr
Dunkerque
Caserne
Rue Caumartin
Rosendaël
Cette caserne était située sous la ligne de chemin de fer à proximité de l‘angle formé par la rue Paul Bert et l’actuelle rue Paul Vancassel.
La vie des
douaniers
en caserne
Ghyvelde
Squattée après les accords de Shengen l’ancienne caserne des Douanes réhabilitée est devenue un ensemble de 6 logements sociaux (PLAI) inauguré en juillet 2005.
Dunkerque
Douaniers devant le monument Tixier