Charles Pierre Lavie
Naissance le 8 avril 1828 à Calais
Décédé 18 décembre 1887 à Dunkerque *
15 sorties en mer
12 sauvetages individuels
9 équipages et 120 personnes lui doivent la vie
Si, dans un jour de fête, à Dunkerque ou à Calais, vous rencontrez jamais un vieux marin devant lequel les fronts se découvrent, avec une familiarité respectueuse, portant sur sa poitrine dix médailles et la croix d'honneur, vous aussi messieurs, saluez! C'est le patron Lavie, dont le nom de bon augure est légendaire dans ces contrées.
A 55 ans pauvre et malade l’Académie française lui octroiera un prix de vertu de 3 000 francs.
Données généalogiques
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Fils de Pierre Marie LAVIE marin (1792 – 1856)
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et Anne Marie LEFEVRE (1798 – 1871)
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Mariage le 7 septembre 1846 avec Juliette Françoise DELPORTE (1828 – 1863)
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Juliette Marquerite Joséphine LAVIE. 1848-
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Julie Charlotte LAVIE. 1857-1912
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Charles Antoine LAVIE. 1861-
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Henri Pierre LAVIE 1863
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Mariage le 3 février 1864 avec Rosalie Sophie Marie BOLLENGIER. (1834 - 1871)
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Julia Marguerite LAVIE. 1865-
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Julia Léonie LAVIE. 1866-
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Antoine Henri Charles LAVIE. 1869-
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Mariage le 2 septembre 1871 avec Eulalie Palette. (1832 - )
Décorations et récompenses
Légion d’honneur en 1881 (base Léonore LH/1507/1)
Médaille d'honneur en argent 1860 Gouvernement Néerlandais sauvetage du ZUUANTJE BOER
Montre en or 1876 Gouvernement britannique
Chaine Or 1882 Ministère de la marine et des colonies
Montre en or 1882 Ministère de la marine et des colonies
Baromètre 1884 Ministère de la marine et des colonies
Prix Monthyon 1884 Académie Française – Prix de vertu
Médaille d'honneur 1864 Société humaine de Dunkerque
Médaille de bronze 1867 Jury international de l’exposition universelle pour avoir contribué au progrès et- au développement, de la pèche maritime
Médaille or 1° classe 1876 Ministère de la marine et des colonies
Médaille argent 1° classe 1876 Société centrale de Sauvetage des naufragés
Médaille en or 1°classe 1878 Ministère de la marine et des colonies
Médaille or de 2° classe 1880 Société centrale de Sauvetage des naufragés
Témoignage de satisfaction 1861 Ministère de la marine
Témoignage satisfaction 1880 Ministère de la marine et des colonies
Lettre de félicitations 1881 Chef du service de la Marine
Témoignage satisfaction 1882 Ministère de la marine et des colonies
Témoignage satisfaction 1886 Ministère de la marine et des colonies
Témoignage satisfaction 1886 Société centrale de Sauvetage des naufragés
Témoignage satisfaction 1887 Société centrale de Sauvetage des naufragés
Témoignage satisfaction 1887 Ministère de la marine et des colonies
Vie professionnelle
5 ans et 4 mois dans ma Marine Nationale - Quartier maitre de manœuvre
2 ans et 1 mois A terre
30 ans et 7 mois Pêche et commerce
Sorties en mer
NC Sauvetage du MARIE Equipage sauvé (voir discours Légion d’Honneur)
NC Sauvetage du SAINTE MARIE Equipage sauvé (voir discours Légion d’Honneur)
30/01/1858 Sauvetage du KALINKA Equipage sauvé
7/03/1858 Sauvetage de l’AMIRAL MOORSON 14 personnes sauvées
18/12/1860 Sauvetage du koff hollandais ZUAANTJE BOER Equipage sauvé
18/03/1861 Sauvetage du REBECCA 22 personnes sauvées
14/01/1876 Sauvetage du CYDONIA 7 personnes sauvées
18/02/1876 Porte secours au trois-mâts belge HELVETIA 7 hommes sauvés
8/11/1880 Sauvetage de la goélette allemande NEPTUNE 11 personnes sauvées
03/03/1881. Sauvetage du trois-mâts DUPUY DE LOME Equipage sauvé
01/05/1881 Sauvetage du brick goélette anglais CLIPPER Equipage sauvé
11/08/1881 Sauvetage de l’équipage du brick-goélette MABEL Equipage sauvé
14/10/1881 Sauvetage du trois-mâts HARMONY Equipage sauvé
27/11/1881 Sauvetage du navire anglais GLAMORHANSHIRE 19 personnes sauvées
26/03/1882 Sauvetage du STABAT MATER 12 personnes sauvées
Sauvetages individuels
1845 A 17 ans il sauve un homme tombé dans le port
1854 Sauvetage de deux mousses tombés dans le port de Calais
12/1857 Se jette à l’eau en pleine mer pour sauver deux personnes du bateau dont il était le patron
1857 A huit heures du soir retire du bassin de la Marine deux enfants, l’un de neuf ans, l’autre de six ans
20/07/1861 Sauve dans le port une petite fille de trois ans et demi.
11/04/1862 Sauve, sur rade, un canotier de soixante-neuf ans, qui était en péril à bord d’un bateau parti en dérive
03/05/1863 Sauve un mousse de 14 ans
25/03/1863 Sauve, dans le port, un mousse tombé à la- mer.
8/12/1864 Par très gros temps, sauve en mer et après deux voyages de l’embarcation de l’AIGLE dont il était patron, tout l’équipage du bateau JEUNE AUGUSTE
12/01/1866 Sauve près d’Ostende trois marins dont le canot avait été entraîné au large..
3/11/1879 Sauve dans l’avant-port un enfant tombé à la mer
22/2/1880 Sauve un homme tombé dans le port qui se serait noyé sans son aide
Témoignages
Remise de la légion d’honneur au titre de Chevalier
En juillet, la décoration de la Légion d'honneur était remise à Dunkerque au patron Lavie, ancien maître de pêche et patron de l'un des canots de sauvetage de Dunkerque :
Lavie avait accompli plus de vingt sauvetages et portait de nombreuses médailles françaises et étrangères; les autorités locales, les représentants de notre Société et de nombreuses délégations des hommes de mer de la contrée ont assisté à la cérémonie, et ont serré la main au vieux loup de mer, plus ému à coup sûr devant ces hommages que devant la tempête.
Discours prononcé lors de la remise du prix de vertu de l’académie française
Regardez là-bas, sur une de ces plages de la Manche où, chaque été, nous allons promener nos élégances languissantes et nos paresseuses anémies. L'hiver est venu Le vent siffle sur la grève.
La mer est lourde et la nuit est noire. Dans une cabane que secoue la bise, un enfant de six ans est debout: Sa mère le tient entre ses genoux et l'enveloppe dans une pesante vareuse qu'elle a tricotée pendant tout l'automne. Elle lui passe au cou une médaille de cuivre et l'embrasse encore une fois. Le père est là-bas, dans sa barque de pêche, et il attend son matelot. Un instant encore, et, comme les autres, ce petit être appartient à l'Océan, à la vague profonde, au hasard et au danger.
A vingt ans, l'État prend ces rudes enfants. Il les embarque sur ses navires. Il les envoie, au gré de sa politique, combattre les flottes formidables de l'Europe, ou guerroyer contre des peuplades barbares, et se faire tuer, ceux-ci par la' lièvre, dans les marécages du Niger ou du Congo; ceux là dans quelque embuscade silencieuse devant Hanoï, entre le commandant de Villiers et le brave Rivière.
C'est comme eux qu'a commencé Pierre Lavie.
A six ans, il était mousse; à quatorze ans, matelot. A vingt ans, il était embarqué sur un navire de guerre ; et sept ans après, il quittait la flotte avec les galons de quartier-maître.
Bientôt après, il armait un bateau de pêche; et, pendant quarante ans, il a navigué sans repos. Voilà sa carrière officielle.
Mais il a un autre métier, une passion à laquelle il a consacré sa vie. Il est né sauveteur, comme on naît poète, par nature et comme par instinct. La mer est sa compagne et son ennemie. Il vit avec elle; mais il la surveille sans relâche, et chaque fois qu'elle saisit une proie, il accourt pour la lui ravir. « Un pâtre des Alpes ne connaît pas mieux sa montagne qu'il ne connaît les côtes de la Manche et les courants de la mer du Nord. Il en a tourné cent fois les récifs et lés écueils. il a sondé tous les fonds de pêche hantés par nos bateaux; et partout, au hasard de sa vie, il a porté son industrie périlleuse.
C'est à Dunkerque que, presque enfant, il a fait cet apprentissage.
A dix-sept ans, il se jetait à la mer pour sauver un homme tombé dans le port à Dunkerque, à Calais, à la côte, au large, par tous les temps et par tous les vents, tantôt des épaves isolées, tantôt des équipages entiers : de sa main il a arraché quatre-vingts créatures
Et que de drames inconnus dans la grande vie obscure de ces travailleurs delà mer, « qui vivent mouillés », a dit un grand poète, et dont toute l'histoire tient entre la vague qui vient et la vague qui s'en va
Le 20 janvier 1858, par un gros temps, à cinq lieues au large des côtes de Hollande, Lavie rencontre un trois-mâts russe en détresse. Il gouverne sur le navire et saute, abord. Il trouve un homme couché en travers du pont. C'est le capitaine. Il est ivre-mort... Et lui seul connaissait la route! Autour de lui, quelques matelots désespérés, perdus dans ces parages inconnus, et allant droit sur des écueils redoutables! Lavie saisit la barre, et, suivi de son bateau de pêche, cet amiral d'aventure rentre au port d'Ostende avec sa flotte désemparée et sa glorieuse capture.
C'est à Ostende encore que, deux ans après, il remorquait un sloop hollandais qu'il avait trouvé coulant bas en pleine mer, et que, malgré les vagues furieuses, il avait abordé, au risque de mettre en pièces son bateau.
Mais je vous lasserais à vous raconter tant d'exploits. La KALINKA le SWANTJE-BOAR, la REBECCA, la MARIE, la SAINTE MARIE, le JEUNE AUGUSTE, , la CYDONIA, , le HELVETIA, le NEPTUNE; cette année encore l’IRENE et DEUX MARIES : voilà les noms des victoires navales que ce héros inconnu a remportées ; voilà les prises de cet héroïque corsaire.
Aujourd'hui Pierre Lavie a cinquante-cinq ans. Il est malade et il est pauvre. « Si, dans un jour de fête, à Dunkerque ou à Calais, vous rencontrez jamais un vieux marin devant lequel les fronts se découvrent, avec une familiarité respectueuse, portant sur sa poitrine dix médailles et la croix d'honneur, vous aussi messieurs, saluez! C'est le patron Lavie, dont te nom de bon augure est légendaire dans ces contrées. « En lui décernant un prix de 3,000 francs, l'Académie française est heureuse de s'associer aux témoignages d'estime et de reconnaissance qu'il a reçus de toutes parts. »